Le ruisseau s’éloigne en bouillonnant, le vent mugit avec violence à travers les pins ;
Les rats gris s’enfuient à mon approche et vont se cacher sous les vieilles tuiles.
Aujourd’hui sait-on quel prince éleva jadis ce palais ?
Sait-on qui nous légua ces ruines, au pied d’une montagne abrupte ?
Sous forme de flammes bleuâtres, on y voit des esprits dans les profondeurs sombres ;
Et, sur la route défoncée, on entend des bruits qui ressemblent à des gémissements.
Ces dix mille voix de la nature ont un ensemble plein d’harmonie,
Et le spectacle de l’automne s’harmonise aussi avec ce triste tableau.
Le prince avait de belles jeunes filles ; elles ne sont plus que de la terre jaune,
Inerte comme l’éclat de leur teint, qui déjà n’était que mensonge ;
Il avait des satellites pour accompagner son char doré,
Et, de tant de splendeurs passées, ce cheval de pierre est tout ce qui reste.
Je me sens ému d’une tristesse profonde ; je m’assieds sur l’herbe épaisse,
Je commence des chants où ma douleur s’épanche ; les larmes me gagnent et coulent abondamment.
Hélas ! dans ce chemin de la vie, que chacun parcourt à son tour,
Qui donc pourrait marcher longtemps !